Vous avez dit souveraineté alimentaire?


Vous avez dit souveraineté alimentaire?

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Article N°28009

Vous avez dit souveraineté alimentaire?

Depuis quelques semaines nous assistons à la grogne ouverte de nos agriculteurs. Colère qui a enfin percé le mur du silence médiatique, par l'ampleur de leur mobilisation et de leur colère... Le retournement des panneaux de nom de ville, pour signifier que l'on marchait sur la tête n'avait fait bouger aucune ligne...
Dans cet article, "coup de geule", je me demande quelle confiance peut-on faire à l'équipe qui est au pouvoir, quand ils disent qu'ils veulent défendre notre souveraineté alimentaire... Le résultat sera-t-il le même que pour notre industrie pharmaceutique, notre secteur du numérique, et même celui de notre industrie de la défense?
Je crains qu'hélas la vente à la découpe de nos intérêts continue!

La crise agricole que traverse la France, cette colère de nos paysans, de quoi est-elle le symptôme ? Peut-on imaginer que nos gouvernants aux affaires peuvent imaginer une solution ? Les réponses que je vais essayer d’apporter à ces deux questions, sont le fruit de ma réflexion personnelle et je ne prétends pas détenir une vérité absolue, mais j’espère que la pierre que j’apporterai à l’édifice commun alimentera la réflexion.


De quoi cette révolte est-elle le symbole ? L’une des réponses les plus évidentes, et symptôme d’un mal très français, est celui d’une inflation normative dénoncée à loisir dans les médias. La commission européenne, un machin, - pour paraphraser le général De Gaulle- non démocratique qui prend des décisions impactant la vie de tous les citoyens européens alimente généreusement cette avalanche normative. La France et son inégalable technocratie n’est pas en reste et rajoute des boulets aux entraves européennes …


Un autre élément clé dans cette histoire est la négociation au niveau européen d’accords commerciaux où l’agriculture européenne est sacrifiée sur l’autel du développement de grands groupes industriels, majoritairement allemands .


Pour finir, la Commission Européenne tout à l’ivresse de la mondialisation heureuse impose des contraintes de plus en plus lourdes à notre agriculture, sacrifiant des filières entières mais par des accords de libre-échanges ultra-libéraux autorisent l’importation de produits agricoles et alimentaires ne répondant pas aux exigences sanitaires que l’on impose à nos paysans et producteurs agro-alimentaires. Pour reprendre la formule initiale de cette révolte, on marche sur la tête !


Devant cette grogne, le gouvernement prend peur, et va à la rencontre de nos paysans, commençant à lâcher du lest sur ce qui est le plus facile comme le GNR (Gazole Non Routier) et le respect de la loi EGALIM dont les premiers décrets d’application remontent pourtant à 2019 (Décret 2019-325 du 15 avril 2019). Nous sommes en 2024 et il faut une mobilisation pour que l’on fasse respecter la loi… Notre nouveau premier ministre n’hésite pas à parler de sauvegarde de notre souveraineté alimentaire… Est-il crédible ?


Je vais être clair, non, ce sont des pipeauteurs en chef ! Vous trouverez peut-être mes affirmations excessives, cependant prenons plusieurs exemples, sur les deux quinquennats de ce président de la république, ainsi que son action en tant que ministre de l’économie sous Hollande. Quels sont les faits marquants que l’on peut lister :
  • L’affaire Alstom, où ce président offre à General Electric (GE) la branche turbine (énergie). Turbines essentielles à) notre indépendance énergétique et à notre dissuasion nucléaire… Le pire, c’est qu’il aurait pu faire le choix de l’Européen Siemens mais non, il a bradé notre souveraineté et a continué de démanteler un de nos fleurons industriels de plus.
  • Sur notre filière nucléaire, il l’a sacrifié sur l’autel des intérêts allemands sur plusieurs axes, en voulant réduite la part de notre nucléaire dans le mix énergétique, en cédant notamment à l’Allemagne sur la fermeture de Fessenheim. Mais aussi en laissant les intérêts industriels allemands fixé les règles de prix de l’électricité sur le marché électrique européen et ne parlons pas de la volonté de la vente à la découpe d’EDF, si ce dernier axe n’a pas été réalisé jusqu’au bout EDF en a été extrêmement affaibli ! Le résultat de cette politique sans vision désastreuse ce sont des prix de l’électricité qui s’envolent grevant le budget des ménages et mettant à mal la trésorerie des entreprises, ce qui sera fata à nombre d’entre-elles… Le discours du gouvernement fuyant sa seule responsabilité préférera faire porté le chapeau à Poutine et accuser indirectement le Rassemblement National pour ses accointances supposées…
  • Un autre épisode, le covid, nous a fait prendre conscience d’une nécessaire reconstruction de notre capacité industrielle, notamment en santé. Cette souveraineté industrielle affirmée, mais si peu pratiquée ! L’exemple de l’entreprise Sequens en a été une démonstration éloquente. En 2020, le Président fait une visite officielle sur un des sites de l’entreprise à grand renfort de média. En 2021 cette entreprise passe sous pavillon américain (L’Usine Nouvelle) beau succès de reconquête de souveraineté, non ?
  • Parlons maintenant du numérique un sujet qui m’est cher, en 2020 l’écosystème du numérique français c’est largement mobilisé, ainsi que quelques députés et sénateurs en pointe sur ces sujets, sur un scandale bien français, le choix de l’hébergement de nos données de santé chez Microsoft pour ce projet important du Health Data Hub. Contrat passé sans appel d’offre ! Devant la levée de bouclier il était prévu qu’au plus tard en 2022 un nouvel appel d’offre soit mené. Devinez quoi, nous sommes en 2024 et toujours rien à l’horizon… Ne parlons pas du comité stratégique sur l’IA où ne sont représentés à 99 % que les intérêts américains, souveraineté avez-vous dit ?
  • Si nous nous intéressons au domaine de la défense, là aussi, à l’exception de Photonis qui a vu son passage sous pavillon américain évoqué, la souveraineté est plus une incantation qu’une réalité. Ces derniers jours nous venons d’apprendre qu’un acteur majeur de la défense Arquus (anciennement Renault Truck) passerait sous contrôle Belge (John Cockerril) mais ne nous inquiétons pas le dirigeant de John Cockerril serait français ! (Les Echos) Cette société est derrière l’essentiel du matériel roulant de l’armé française. Citoyens : « ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer ! »


Je ne continuerai pas plus avant cette liste à la Prévert ! Ces éléments parlent d’eux-mêmes la sauvegarde de notre activité économique et de notre souveraineté économique, quel que soit le secteur, ne fait pas partie des préoccupations de nos dirigeants. Le président, ainsi que les représentant des deux chambres sont élus au nom du peuple français pour défendre ses intérêts. Que je ne sache, ils ne sont pas élus pour défendre les intérêts de big tech américains, de l’industrie lourde allemande ou de l’agriculture néo-zélandaise, espagnole ou ukrainienne ! Ni pour une hypothétique Union Européenne qui factuellement est un navire ivre dirigé par des technocrates non-élus pour lesquels les intérêts des peuples européens sont les derniers de leurs soucis…
Je crains hélas que nos paysans dont beaucoup non plus rien à perdre, se retrouvent encore une fois comme bien d’autres, les dindons de la farce, et j’aimerais vraiment me tromper.
Le gouvernement a raison sur un point. Il y va de notre souveraineté alimentaire. Un pays qui perd sa capacité à nourrir sa population ne doit avoir qu’un objectif : retrouver son autonomie alimentaire. N’est-ce pas la leçon que nous avons tenté d’inculquer pendant des années à d’autres pays ?
 

Emmanuel MAWET

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